Après des vacances d’été passées à Ostende en 1921 Spilliaert revient s’installer en mai 1922 dans sa ville natale, avec sa famille. Vers la même période, il s’attaque à l’utilisation de la peinture à l’huile. Avec Ensor et Permeke, il expose à la Galerie d’Art Moderne dans la rue Longue [Langestraat], et ce, dans le cadre du Salon de l’École de Paris.

À partir de la fin de l’année 1922, Spilliaert séjourne dans la résidence secondaire de son ami et marchand Henri Vandeputte, à Grasse, près de Cannes.
Celui-ci deviendra le directeur artistique du Kursaal d’Ostende de 1925 à 1931, soit au cours de la deuxième période ostendaise de Spilliaert. Ce n’est donc pas par hasard que Spilliaert y expose à plusieurs reprises. En 1931, le Kursaal lui consacre même une rétrospective. Entre 1922 et 1926, Spilliaert expose au Centaure, une importante galerie bruxelloise et entre 1921 et 1934, il participe aux expositions du cercle anversois L’Art Contemporain [Kunst van Heden].

À Ostende, Spilliaert rencontre le jeune cinéaste Henri Storck et entretient également des contacts avec la mère de ce dernier, qui exploite un magasin de chaussures. La fervente admiratrice d’Ensor et tante de Storck, Blanche Hertoge, dirige à son tour la galerie ostendaise Le Studio. À la demande de Storck, Spilliaert, qui n’a que peu d’affinités avec le cinéma, devient membre du Club du cinéma d’Ostende, à l’instar d’Ensor.

Si Spilliaert a beaucoup rêvé de voyager dans sa jeunesse, il décline cependant une offre de voyage autour du monde en 1927. En 1928, Léonard, le père de Spilliaert, meurt. En 1932 une subvention de l’État lui permet d’entreprendre un long voyage avec sa famille en Italie, en Suisse et en Autriche. Un voyage durant lequel il réalise des œuvres, entre autres, à Venise et dans les Dolomites.

Vers cette même époque, certains motifs spécifiques font leur apparition dans son art. Ainsi, à partir de février 1928, on voit surgir des poupées dans son œuvre. Certaines sont celles que Henri Vandeputte offre à Madeleine, la fille de Spilliaert, lorsqu’il est directeur du Kursaal. Reconnaissables entre toutes, ces poupées continueront à intriguer Spilliaert jusqu’en 1935.1

En 1933, Spilliaert rencontre la jeune artiste Mayou Iserentant (1903-1978), avec laquelle il noue une solide amitié et devient son mentor.

Au début des années 1930, Spilliaert poursuit sa production fructueuse d’œuvres graphiques entamée dès les années 1920 avec l’illustration, entre autres, de quelques publications. Ainsi, en 1921, il réalise six dessins au trait pour le recueil de poèmes La femme au prisme de François Hellens. En 1931, dans le petit village de Basilly, il fait des croquis pour Au temps que Nanette était perdue, un livre pour enfants de Benoît Bouché. Il crée aussi une gravure pour le recueil de contes d’Horace Van Offel, Les flèches et la fausse et conçoit certaines couvertures de la revue La Mascotte.

Léon Spilliaert, Bassins de commerce à Ostende, 1924, encre de Chine lavée et aquarelle sur papier, 58 x 43 cm. Ostende, Mu.ZEE, collection de la Communauté flamande, inv. BS002253. Photo Cedric Verhelst.
Léon Spilliaert, Port de pêche, Ostende, 1923, encre de Chine, aquarelle, gouache et crayon de couleur sur papier, 50,1 x 64,7 cm. New York, Hearn Family Trust.
Léon Spilliaert, Portrait de Mme Storck-Hertoge, 1925, gouache et encre de Chine sur papier, 76 x 49 cm. Ostende, Collection de la Ville d’Ostende, inv. SM002523. Photo Cedric Verhelst.
Léon Spilliaert, Portrait de Henri Vandeputte, 1921, encre de Chine et gouache sur papier, 76 x 56 cm. Ostende, Mu.ZEE, Collection de la ville d’Ostende, inv. SM000067. Photo Cedric Verhelst.
Léon Spilliaert, Poupées. Trois générations, 1933, encre de Chine, aquarelle et gouache sur papier, 51 x 68 cm. Collection privée, prêt à long terme à Mu.ZEE, inv. B000311. Photo Steven Decroos.
Léon Spilliaert, Illustration pour Benoît Bouché, Au temps que Nanette était perdue, Bruxelles, L’Églantine, 1931, 24 x 18 cm. Ostende, Mu.ZEE, Collection de la Ville d’Ostende, inv. SM002527. Photo Cedric Verhelst.

Notes de bas de page

  • 1

    Anne Adriaens-Pannier, Spilliaert. De bezielde blik, Gent, Ludion, 2006, p. 199.

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