Peut-on qualifier un artiste de peintre s’il n’a produit « que » soixante tableaux ? Spilliaert a surtout travaillé sur papier, à la faveur de techniques rapides, telles que l’encre de Chine, l’aquarelle et le crayon de couleur et le pastel. Avec ces matériaux et sans peinture à l’huile, il a réalisé plus de 4 500 œuvres sur papier, parmi lesquelles ses chefs-d’œuvre les plus importants et les plus connus. Pourtant, sur sa pierre tombale, on peut lire : Kunstschilder (Artiste peintre) Léon Spilliaert.
Spilliaert en cinq faits marquants
Un peintre sans peinture
Un homme sombre et dénué d’humour ?
Quiconque a les œuvres ténébreuses et les autoportraits intenses et psychologisants de Spilliaert à l’esprit ne peut l’imaginer comme un plaisantin. Si sa nature mélancolique semble en effet prédominer à ses débuts, dans la vingtaine, on peut cependant déceler une touche d’humour dans plusieurs œuvres, allant de caricatures d’Ostendais·es et de moules chantantes à un portrait de Constant Permeke, qui, incapable d’en rire, l’a écrasé à coups de sabot. Spilliaert était au demeurant un bon conteur et pouvait parfaitement surprendre avec un mot d’esprit.
Un élève sans maîtres
Spilliaert n’a jamais eu de véritable maître – et n’en a d’ailleurs jamais voulu, comme il l’affirme explicitement. Aux alentours de 1900, il n’a passé que trois petits mois à l’académie des Beaux-Arts de Bruges. Pourtant, en tant qu’autodidacte, il était tout autant un élève, sauf que ses maîtres n’avaient pas conscience de leur rôle. Spilliaert s’est inspiré d’autres artistes, de l’œuvre d’Odilon Redon chez son premier employeur à Bruxelles, de celle d’Ensor à Ostende ou de l’œuvre de son ami Permeke.
Un Ostendais sans domicile fixe
Bien qu’il ait continué à vivre jusqu’à l’âge de 35 ans chez ses parents, au 2, rue de la Chapelle [Kapellestraat] dans le centre-ville, Spilliaert a déménagé pas moins de dix fois à partir de mars 1917. Il a changé de maison et d’appartement à Ostende, mais aussi à Bruxelles – plus précisément à Molenbeek et à Ixelles – où il n’a eu de cesse de chercher un endroit plus approprié. Souvent, la survenue d’un souci d’ordre pratique l’a incité à quitter un lieu : un plafond qui s’effondre, le manque de lumière naturelle ou la trop grande distance à parcourir pour les leçons de piano de sa fille… Il est intéressant de noter que la famille Spilliaert déménageait le plus souvent au printemps, plus précisément au mois de mai.
Un artiste sans atelier
Spilliaert a rarement disposé d’un véritable atelier. À la fin de l’année 1908 et au début de l’année 1909, il a brièvement loué un atelier au quai des Pêcheurs [Visserskaai], mais au cours de la majeure partie de sa carrière, Spilliaert a travaillé au salon. En témoignent tous les pots de fleurs, les miroirs et les meubles à l’arrière-plan de ses autoportraits. Il est vrai qu’un artiste qui travaille sur papier n’a pas besoin de grand-chose. Spilliaert travaillait souvent à la table de la salle à manger en fixant sa feuille de papier sur une planche à l’aide de quatre piquoirs. Il le faisait de manière organisée et presque rituelle, toujours soigneusement vêtu d’une chemise et d’un costume trois-pièces. Tout ce qui l’entourait avait aussi une place attitrée. À vrai dire, ne pas avoir à barbouiller de la peinture à l’huile et de l’essence de térébenthine n’est pas sans avantage…
Spilliaert à l'honneur
La vie de Spilliaert
Faut-il nécessairement fragmenter la vie de Spilliaert, la segmenter en épisodes ? Bien sûr que non, mais il faut souligner que cet artiste a développé son art idiosyncrasique parallèlement à son existence et à son évolution personnelle. Les événements qui se sont produits autour de lui ont de toute évidence influencé son œuvre. Et, en tant qu’autodidacte, il a élaboré ses techniques au fur et à mesure, à force de pratique et d’observation d’autres artistes.
Toutefois, un découpage temporel ne signifie nullement que Spilliaert ait lui-même perçu ces évolutions ou qu’une césure nette puisse être observée dans son œuvre. Spilliaert n’est pas resté sédentaire : au cours de sa vie, il a déménagé plus de dix fois. Pour en savoir davantage sur ces différents domiciles, cliquez sur l’onglet Lieux. Pour découvrir les personnes qui ont marqué sa vie, allez à la rubrique Personnes.
Qui était Léon Spilliaert ?
- Spilliaert: peintre ou dessinateur ?
- Spilliaert parlait-il le français ou l’ostendais?
- Spilliaert est-il malheureux?
- Combien d’œuvres Spilliaert a-t-il réalisées?
- Spilliaert a-t-il fréquenté l’académie?
- Spilliaert: symboliste, expressionniste ou surréaliste?
- Pourquoi Spilliaert réalise-t-il autant d’autoportraits?
- Les parents de Spilliaert soutiennent-ils son ambition de devenir artiste?
- Spilliaert fait-il preuve d’un attachement profond à « son » Ostende?
Spilliaert à Ostende
La vie et l’œuvre de Léon Spilliaert sont indissociables de sa ville natale, Ostende, où il a vécu et travaillé la majeure partie de sa vie. En sa qualité d’artiste, il a fait preuve d’une vision bien à lui de la mer, de la ville et de sa population qu’il a peintes et dessinées sur papier surtout. Apprenez ici où précisément vous pouvez découvrir Spilliaert à Ostende.
Découvrez la collection d’œuvres de Spilliaert de Mu.ZEE.
Venez découvrir la plus importante collection muséale au monde de Spilliaert à Mu.ZEE, Ostende.
En promenade avec Spilliaert dans sa ville natale d'Ostende
Au cours d'une promenade numérique, découvrez toutes les facettes du peintre Léon Spilliaert et ses relations avec des artistes comme Permeke et Ensor.